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Recettes, goûts et appétits genrés

Conférence Recettes, goûts et appétits genrés. De l’intersection entre genre et alimentation

« Nous nous nourrissons de nutriments, mais aussi d’imaginaire », écrit Claude Fischler dans L’homnivore (1990/1993), interrogeant les racines de nos représentations, de nos appétits et de nos dégoûts. L’alimentation, à la fois normative, prescriptive et coercitive, n’est de fait jamais qu’une affaire de goût et constamment traversée par les questions de genre. Phénomène de régie subjective et collective, à la croisée des catégories, elle imbrique le biologique et le social. Indissociable des images et croyances culinaires, s’y structurent et se reproduisent des ordres symboliques et des pratiques culturelles, comme s’y brouillent et se redéfinissent les frontières entre le moi et l’autre. Lieu ambivalent de pouvoir et d’agentivité, d’assignations et de normativités, la cuisine est ainsi un lieu éminemment genré, profondément travaillé par les impératifs et contraintes. Représentant et questionnant le rapport à l’autre et à la communauté, autour de l’expérience fondamentale de l’ingestion et de l’incorporation, contribuant à modéliser les normes genrées mais aussi à les interroger en travaillant l’écart ou la transgression, les imaginaires comestibles et la répartition des territoires alimentaires constituent un formidable terrain d’exploration pour examiner qui mange quoi et réfléchir l’intersection entre genre (et sexualités) et alimentation.

Crédit photographique : ©Université Bretagne Sud. Service Communication